Login

Une nouvelle étiquette pour les fromages au lait cru en Italie ?

Les producteurs de fromages au lait cru veulent aussi faire connaitre ses bienfaits.

À la suite de la mort d’un enfant de 3 ans causée par la consommation d’un fromage au lait cru, deux propositions de loi demandent la mise en place d’une étiquette pour déconseiller leur consommation aux personnes fragiles.

Vous devez vous inscrire pour consulter librement tous les articles.

« Le lait cru est dangereux, un point c’est tout ! », a dénoncé en mai dernier le virologue Roberto Burioni dans plusieurs médias italiens. Si le lait cru est au cœur du débat depuis l’été 2024, c’est en raison d’un cas qui a choqué l’opinion publique italienne : Elia Damonte, un enfant de trois ans, est décédé en mai 2024 d’un syndrome hémolytique et urémique (SHU) causée par la bactérie Escherichia coli à la suite de la consommation de fromage au lait cru.

En novembre dernier, le député italien Matteo Rosso et le sénateur Lorenzo Basso ont déposé deux propositions de loi concernant les produits à base de lait cru. Ils proposent de mettre une étiquette sur ces produits laitiers pour déconseiller leur consommation aux enfants de moins de 10 ans, aux personnes âgées et aux personnes immunodéprimées. Les propositions de loi diffèrent sur le temps d’affinage : l’une concerne les produits frais et semi-affinés (de 1 à 6 mois), l’autre les produits frais jusqu’à 60 jours. Ces textes sont actuellement débattus.

Une étiquette inutile ?

« Il y a une problématique à prendre en charge, mais il ne suffit pas de mettre une étiquette sur le produit pour la résoudre, explique Daniele Mezzogori, responsable du secteur laitier au syndicat agricole italien Confagricultura. En outre, il faudrait savoir si cette étiquette sera présente uniquement sur les produits italiens ou également ceux importés. Dans le premier cas, cela voudrait dire que nos produits seraient dangereux et pas les autres, ce qui est faux. »

Du côté des producteurs de produits artisanaux, c’est le même constat : Daniele Rosati, à la ferme Sicherhoff dans le Trentin, fait des fromages avec le lait cru de ses huit vaches. « Quand des personnes viennent acheter des fromages, je les informe déjà que les enfants et les femmes enceintes ne peuvent pas en consommer. Mais je ne mets aucune étiquette avec leur nom sur mes fromages, donc ce serait difficile pour moi d’apposer cette étiquette. »

Sensibiliser la population

En parallèle des propositions de loi, le gouvernement italien a formé un groupe de travail en février dernier visant à analyser les cas de syndrome hémolytique et urémique (SHU) causées par les bactéries Escherichia coli productrices de shigatoxines (Stec). Les différentes organisations syndicales agricoles y étaient conviées. « Nous avons pu voir que les risques de présence de Stec ne se trouvent pas seulement dans le lait cru mais aussi dans la viande crue par exemple », rappelle Daniele Mezzogori.

« Il est aussi à noter que le risque ne dépend pas du temps d’affinage mais surtout de sa méthode de préparation, poursuit-elle. La mozzarella par exemple est thermisée dans une eau chaude. Même si elle est fraîche, elle ne présente aucun risque. Y mettre une étiquette ne servirait à rien. »

Une liste de recommandations devrait être publiée dans les prochains mois faisant suite au groupe de travail. Parmi elles, un rappel des mesures d’hygiène pour les acteurs de la filière mais surtout une meilleure information de la population à travers des campagnes de sensibilisation. Pour Daniele Mezzogori, les règles sont déjà là. « Je fais analyser mon lait trois fois par mois et mes produits une fois par mois. Les règles sont là, il faut surtout les faire respecter… et parler des bienfaits du lait cru ! »

A découvrir également

Voir la version complète
Gérer mon consentement